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Le Burkina Faso à la croisée des chemins : entre crise politique et montée de la violence

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Face à une montée alarmante de la violence terroriste, à une crise politique sans précédent, et à une fragilité économique croissante, le Burkina Faso, surnommé le pays des « hommes intègres », traverse une période particulièrement turbulente. Cette nation, autrefois considérée comme un pilier de stabilité et un partenaire clé pour la France dans la région sahélienne, se trouve désormais à un tournant critique. Récit d’un pays en quête de paix et de stabilité dans un contexte de défis internes et externes croissants.

Rond point des martyrs – Ouagadougou

Le Burkina Faso face à l’escalade de la violence et à l’impasse politique

Le Burkina Faso, autrefois loué pour sa stabilité relative en Afrique de l’Ouest, traverse aujourd’hui une période tumultueuse marquée par une montée significative de la violence terroriste et une crise politique profonde. En effet, en 2022, le pays a connu deux coups d’état à huit mois d’intervalle. Depuis l’arrivée au pouvoir en septembre de la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré en 2022, les promesses de rétablir l’ordre et de contrer l’expansion djihadiste se sont heurtées à une réalité beaucoup plus sombre.

Une insécurité croissante

L’année écoulée a vu les attaques djihadistes tripler, selon l’analyse de l’Africa Center for Strategic Studies, plongeant le pays dans une insécurité sans précédent. La violence, exacerbée par une extension géographique des activités extrémistes, menace désormais d’encercler la capitale, Ouagadougou, mettant le pays « plus que jamais au bord de l’effondrement ».

Les groupes terroristes, tels que Katibat Hanifa, contrôlent près de 7 000 kilomètres carrés de territoire, formant un arc le long des frontières nord du Burkina Faso avec le Mali et le Niger, puis vers le sud-est jusqu’aux frontières avec le Bénin et le Togo. Cette expansion territoriale représente une croissance de près de 50 % depuis les coups d’État de 2022​​.

La réponse du gouvernement : une guerre totale ?

Face à cette menace croissante, le gouvernement de Traoré opte pour une approche militaire intensive, en recrutant des dizaines de milliers de civils dans une force de combat anti-jihadiste volontaire: les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Toutefois, cette stratégie s’avère contre-productive, avec une augmentation des insécurités au sein des communautés et un impact négatif sur l’accès humanitaire. « Trente-six villes, qui totalisent environ un million de personnes, sont actuellement assiégées », rapporte un journaliste burkinabé au journal The New Humanitarian​​​​.

Une crise politique profonde et un avenir incertain

Dans un contexte de crise politique exacerbée par le report indéfini des élections de juillet 2024, le Burkina Faso réaffirme son désir de souveraineté en quittant la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Niger. Une initiative soulignant une rupture avec les cycles passés de coups d’État et d’interventions militaires.

Cette démarche, témoignant d’une recherche de nouvelles alliances face à une insécurité croissante, illustre la volonté du Burkina Faso de naviguer entre ses liens historiques et le potentiel d’un nouveau soutien international, notamment de la Russie, dans un moment décisif de son histoire.

Vers un refroidissement franco-burkinabè

Les relations entre le Burkina Faso et la France connaissent des moments de tensions palpables. En janvier 2023, le Burkina Faso prend la décision significative de mettre fin à un accord militaire qui permettait la présence de troupes françaises sur son sol pour participer à la lutte contre le terrorisme. Cette décision marque un point de bascule, reflétant un sentiment d’insatisfaction croissant vis-à-vis de l’efficacité de la coopération sécuritaire avec la France, en plus d’un sentiment anti-français nourri par une perception de néocolonialisme.

La suspension de l’aide au développement et budgétaire de la part de la France, en réponse aux manifestations contre sa présence, ainsi que les restrictions sur la délivrance des visas, ont ajouté des couches supplémentaires à une crise diplomatique déjà complexe.

Un rapprochement stratégique avec la Russie

En parallèle, le Burkina Faso semble s’orienter vers un rapprochement avec la Russie, illustrant un pivot notable dans la région. Cet engagement s’inscrit dans un contexte de recherche de solutions alternatives pour la lutte contre le terrorisme, mais aussi dans une volonté de diversifier ses partenariats stratégiques. Cet intérêt manifeste pour la Russie, de la part de citoyens et de responsables burkinabè, suggère un potentiel recalibrage des influences géopolitiques au Sahel, au détriment de la présence traditionnelle de la France.

Conclusion : une ère de changement

Le Burkina Faso se trouve à un moment charnière de son histoire, où les choix stratégiques en matière de partenariats internationaux pourraient redéfinir son avenir sécuritaire et son positionnement géopolitique dans la région sahélienne. Entre la France, partenaire de longue date, confrontée à un questionnement sur son rôle et son efficacité, et la Russie, acteur émergent offrant des alternatives en termes de coopération militaire, le « pays des hommes intègres » explore de nouvelles voies qui reflètent les dynamiques changeantes de la scène internationale.

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Marion Ouédraogo

Marion Ouédraogo est titulaire d'un master en science politique à finalité paix, sécurité et conflits. Elle a un intérêt particulier pour les enjeux sécuritaires dans la région du Sahel.

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